Paris 2024 - Le flou à la mène est-il si inquiétant pour les Bleus version Wembanyama ?

Un poste à l'examen. Durant cette préparation qui débute lundi pour l'équipe de France, c'est notamment sur eux que vont se poser les regards. Eux, ce sont les meneurs. Et ils sont cinq, six si on prend en compte Nolan Traoré appelé comme partenaire d'entraînement mais très ambitieux du haut de ses 17 ans. Car la France a beau pouvoir compter sur une profusion rare sous le cercle - où Victor Wembanyama ou encore Rudy Gobert sont attendus - ou avoir dans ses rangs des valeurs sûres comme Evan Fournier et Nicolas Batum à l'extérieur, le poste de meneur est une vraie énigme avant cette campagne olympique 2024. Une énigme et une source de préoccupations aussi. "C'est le seul secteur qui m'inquiète réellement", nous confirme Frédéric Weis, qui sera consultant sur Eurosport pour Paris 2024.

 

Les raisons de ce flou sont connues. Présent aux Jeux Olympiques de Tokyo puis meneur titulaire à l'Euro, Thomas Heurtel a disparu des radars faute d'avoir respecté l'attestation sur l'honneur l'engageant à ne pas rejoindre un club russe. Depuis, le meneur du Zenit a laissé un vide coupable. Personne ne s'est vraiment imposé aussi bien en club qu'en sélection pour devenir l'option numéro 1 en son absence chez les Bleus. Et ne pas avoir de valeurs sûres à ce poste clef peut se payer cash, on l'a vu lors du Mondial 2023 où les protégés de Vincent Collet se sont fait sortir piteusement après seulement deux matches, perdus face au Canada puis la Lettonie.

 

Confronté à ce casse-tête, Vincent Collet a choisi de voir large en appelant pas moins de 13 extérieurs pour sept places au final. Et dans le lot, il y a donc cinq meneurs. Et le profil de ces "appelés" a de quoi laisser songeur. Aux côtés du vétéran Andrew Albicy (absent au Mondial 2023) et du jeune Matthew Strazel (21 ans) qui n'a pas de référence internationale mais sort d'une belle saison avec Monaco, Théo Maledon (22 ans), Frank Ntilikina (25 ans) et Killian Hayes (22 ans) ont été retenus. Trois joueurs attendus depuis quelques années maintenant par le basket tricolore mais qui ont stagné et ont vécu une saison difficile en NBA. Et c’est un doux euphémisme puisque les trois ont été "coupés" en début d'année par leur franchise.

 

Le sélectionneur des Bleus, qui a écarté un profil comme Sylvain Francisco, a cependant une idée derrière la tête. "Ils ont des profils intéressants par rapport au basket international mais aussi à ce qu'on veut mettre en place. C'est une question d'identité d'équipe", a appuyé le sélectionneur des Bleus, qui a annoncé vouloir mettre en place "une défense intraitable" lors cette campagne 2024. Et Andrew Albicy, Frank Ntilikina ou encore Killian Hayes ont alors leur mot à dire. "Andrew et Frank, qui vont se partager les minutes à mon sens, sont deux joueurs capables de bien défendre et de mettre beaucoup de pression", confirme Fred Weis.

 

Reste la question offensive. Car un meneur peut changer le profil d'une équipe dans un sens comme dans l’autre. C’est lui qui doit monter le ballon sous pression, poser le jeu ou encore gérer le tempo de la rencontre. Mais là encore, l'ancien pivot des Bleus ne s'en fait pas outre mesure : "On possède une équipe qui a du talent offensivement avec Wemby mais aussi Evan Fournier qui va apporter cette touche de panache. On a donc des joueurs capables de mettre des points. Au poste de meneur, il faut donc des joueurs capables d'amener le ballon où il faut et pour cela Andrew Albicy, c'est déjà parfait en soi. Derrière, Frank a aussi beaucoup prouvé".

 

Présent à la Coupe du monde 2019 ou encore aux Jeux Olympiques 2021, Frank Ntilikina a en effet déjà montré par le passé son aptitude à s'illustrer dans le basket international. Et sa blessure lors de la préparation l'année passée avait été un vrai coup dur pour le staff tricolore. "Avec lui, tu sais ce qu'il va te donner, estime encore Fred Weis. Tu ne vas pas avoir de surprise négative. Il ne va pas perdre de ballon, il va faire le taf.  Et si en plus, il peut mettre des points comme à la Coupe du monde 2019, c'est du bonus." Mais alors qu'il n'a plus joué depuis le 1er février, l’ancien meneur des Knicks ou des Mavs devra démontrer pendant la préparation qu'il s'est remis à niveau.

 

Killian Hayes, Théo Maledon ou encore Matthew Strazel devraient eux se battre pour le troisième strapontin, même s'il n'est pas exclu de retenir un arrière en plus alors que certains profils présents dans la liste sont aptes à dépanner à la mène si besoin (ndlr : Nando de Colo, Nadir Hifi, Elie Okobo…). Mais étant donné la situation à ce poste et après le fiasco de 2023, rien n'est impossible. Une préparation de haut vol avec quelques performances remarquées de l’un des meneurs retenus pourrait rabattre les cartes. "Je ne sais pas si Killian et Théo peuvent passer un cap. Mais ils peuvent déjà se montrer lors des matches amicaux face à des équipes très sérieuses, ce qui va tout de suite permettre de savoir qui peut supporter la pression et qui n'a pas les armes pour occuper ce troisième poste", conclut Fred Weis, qui va aussi garder un œil sur le prodige Nolan Traoré. Car on l'a dit : rien n'est impossible au poste 1 chez les Bleus dans les prochaines semaines.