MONDIAL 2023, Equipe de France - "Je n'en ai rien à foutre de ce qui est politique" : Les Bleus touchés et remontés

C'est une claque que personne n'avait vue venir. Une terrible désillusion qui tombe mal. La France s'est fait sortir sèchement de la Coupe du monde 2023. A un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, les protégés de Vincent Collet ne pouvaient pas se préparer plus mal pour ce rendez-vous tant attendu : deux matches en Indonésie, deux revers et une sortie de piste improbable. "C'est une grosse déception. On a craqué mentalement et physiquement. On n'a pas été ensemble", a d'emblée déploré un Nicolas Batum très touché sur BeIn Sport. Avant d'utiliser des mots encore plus forts en conférence de presse : "J'ai honte, c'est la première fois que j'ai réellement honte. Beaucoup de gens croyaient en nous".

Après la leçon reçue face au Canada d'entrée (95-65), la Lettonie a réussi à surprendre les Bleus dimanche (88-86). Et l'heure du bilan a déjà sonné pour ces Français que l'on présentait pourtant comme des candidats au titre. "On a pris une gifle sur ce tournoi, il y a pas beaucoup d'autres choses à dire. (...) Il faut qu'il y ait une grosse remise en question pour l'année prochaine. On est vice-champions olympiques et d'Europe et on sort au premier tour... ", lance Evan Fournier dans des propos repris par L'Equipe. Il va maintenant falloir trouver les raisons de cette chute brutale pour une équipe de France qui figurait sur les trois podiums internationaux actuels (3e du Mondial 2019, finaliste des JO 2021 et de l'Euro 2022). "On peut regarder les arbitres qui ne sont pas dignes d'une compétition de ce niveau. Mais ce n'est pas la raison qui peut expliquer pourquoi on n'est pas l'équipe que l'on doit être, remarque Rudy Gobert. On donne encore beaucoup de rebonds et on perd trop de ballons. Notre rigueur n'a jamais été au niveau".

Pertes de balle (19 ce dimanche) et rebonds défensifs : les maux bleus de cet été sont connus depuis longtemps. Et pour résumer, cette équipe manque de caractère depuis ses premiers pas ensemble. "Ce match caractérise ce qu'il s'est passé depuis 5-6 semaines. On est une très bonne équipe, on l'a montré depuis plusieurs années en étant au top européen et mondial. Mais on ne l'a pas montré sur cette campagne", lâche Batum. "On n'a pas été guerriers comme on l'était les années précédentes", ajoute le sélectionneur Vincent Collet avant d'enchaîner sur L'Equipe. "On ne peut pas être performants à ce niveau dans un tel concert de concurrence si on n'a pas l'humilité pour se battre. Bien sûr qu'il faut aussi du talent, mais ce qu'on a pu faire ces dernières années n'était pas fait qu'autour du talent. Le croire serait une erreur fondamentale. C'était un travail de tous les instants pour être une grande équipe."

Cet été, les Bleus ont donc oublié leurs fondamentaux. Et l'ont payé cash. "Notre équipe est belle. Mais il faut se salir les mains sur le terrain un petit peu, complète Gobert. Inconsciemment, comme on nous attend un peu trop, on a oublié ce qui faisait notre force ces dernières années : jouer ensemble et dur pour impacter les équipes. J'en prends la responsabilité à 99% mais à chaque match, on a été l'équipe la moins dure."

L'autre constat évident est l'absence de meneur de jeu de métier et habitué aux joutes internationales dans cette sélection. Privée en fin de match de Nando De Colo qui a dû sortir après deux fautes antisportives à la 34e (74-66), la France, qui avait déjà bu la tasse face à la pression imposée par les Canadiens, n'a pas su gérer le tempo du match. Et mettre en place son jeu pour stopper le retour letton. Aux yeux de Nicolas Batum, ces soucis s'expliquent par une simple et bonne raison : la non-sélection de certains éléments. Et si l'on peut regretter de ne pas avoir pu compter sur le phénomène Victor Wembanyama dès cette année et que Batum ne nomme pas le joueur en question, c'est l’absence de Thomas Heurtel qui semble faire vraiment jaser dans le groupe bleu et ne passe pas.

Le meneur de Saint-Pétersbourg a été écarté suite au choix de la FFBB d'interdire aux joueurs évoluant dans le championnat russe d'être sélectionnés avec les Bleus en raison de l'invasion russe de l'Ukraine. "Ça fait des années qu'on met quelque chose en place. On a déconné certes, mais on pouvait être champions du monde. Tout le monde doit se remettre en question : coach, joueurs, fédération, (réfléchir) sur ce qui s'est passé cet été et pourquoi ça n'a pas été bon", a lancé le capitaine des Bleus. "Que l'on perde des joueurs en raison de certaines conditions…"

Très remonté, l'ancien Manceau lance déjà un appel pour l'été prochain. "Je n'en ai rien à foutre de ce qui est politique ou je ne sais pas quoi. On a besoin de tout le monde à Paris, des meilleures conditions. (...) Il nous faut la meilleure équipe possible à Paris". Un avis qui fera évidemment débat dans les prochains jours, tout le monde ne partageant pas forcément son avis sur la situation de Thomas Heurtel depuis son choix d'aller en Russie après avoir signé la chartre demandée par la FFBB avant l’Euro 2022. Mais le constat est en tout cas clair : ces Bleus manquaient d'atouts à la mène et sur le banc cette année. Et il faudra avoir d'autres arguments pour être à la hauteur des attentes l'année prochaine à Paris.