ATP Rome : Forfait en Italie et inquiétant avant Roland-Garros, Carlos Alcaraz doit apprendre à mieux gérer son corps

Bondissant, mais sur le flanc. Tel est le paradoxe Carlos Alcaraz en ce moment. Depuis le Masters 1000 d'Indian Wells où il est allé décrocher en mars son seul trophée de la saison 2024 pour le moment, le Murcien a indéniablement retrouvé sa vivacité et son enthousiasme sur le court. Ceux-là mêmes qu'il semblait avoir perdus pendant les six mois précédents. Oui mais voilà, l'Espagnol n'a pas eu le loisir de le montrer souvent. A deux reprises en fait à Miami et Madrid, à chaque fois arrêté en quarts de finale par Grigor Dimitrov et Andrey Rublev, sinon son corps l'en empêche.

A 21 ans – il les aura dimanche –, le problème est loin d'être anodin. Dernier pépin en date, ce souci à l'avant-bras droit qui ne le lâche pas depuis près d'un mois et l'a donc contraint ce vendredi à annoncer son retrait du Masters 1000 de Rome pour se donner toutes les chances d'aborder à 100 % de ses moyens physiques le deuxième tournoi du Grand Chelem de l'année, Roland-Garros (26 mai-9 juin prochains), l'un de ses objectifs majeurs de l'année. Arriver sur la terre battue parisienne avec un seul tournoi de préparation dans les jambes (Madrid), et en altitude qui plus est, voilà qui n'est pas idéal.

Juan Carlos Ferrero le concédait d'ailleurs avant même de voir son poulain se produire dans la Caja Magica. "Il doit apprendre que cela fait partie de la vie sur le circuit, on joue toutes les semaines. Malheureusement à Monte-Carlo, nous nous sommes fait une petite frayeur qui a pris un peu plus longtemps que prévu à se dissiper, mais le calendrier est comme ça : tout vient très vite, et quand vous vous blessez, vous pouvez rater deux ou trois tournois de suite. L'objectif est d'être en bonne santé et à partir de là, d'avoir de bonnes sensations pour obtenir des résultats. Bien sûr, l'apogée de la saison sur terre battue, c'est Roland-Garros, il l'a en tête et viendra une année où ça passera pour lui. Quand ? Je ne sais pas, espérons celle-ci", avait-il confié à Eurosport lors des Laureus Sports Awards.

Connaître mieux son corps et ses limites, c'est sans doute le défi majeur des années à venir pour le prodige murcien. Car depuis sa percée spectaculaire au plus haut niveau, la liste de ses pépins s'allonge à vue d'œil. En voici un petit panorama quasi-exhaustif : déchirure abdominale (forfait au Masters 2022), lésions aux cuisses (forfait à l'Open d'Australie 2023 et finale jouée diminuée à Rio 2023), arthrite post-traumatique à la main gauche et gêne à la colonne vertébrale (forfait à Monte-Carlo 2023), problème à la voute plantaire du pied gauche et fatigue musculaire dans la zone lombaire (forfait à Bâle 2023), entorse de la cheville droite (abandon à Rio 2024) et donc cet œdème musculaire à l'avant-bras droit (forfait à Monte-Carlo, Barcelone et Rome 2024).

A son âge, Alcaraz n'a peut-être pas encore tout à fait terminé son développement musculaire, même si la majeure partie du travail avait été effectuée à l'intersaison 2021-2022. Mais il doit surtout apprendre à utiliser plus intelligemment ses capacités exceptionnelles. Il s'y emploie d'ailleurs. Dans la Caja Magica lors de ses quatre matches, il a ébahi par la férocité bestiale de certains de ses coups droits et sa vitesse pour couvrir son terrain. Mais il a aussi usé voire abusé des amorties pour se préserver. L'Espagnol travaille également son service en ce moment, un domaine qui ne lui offre pas encore assez de points gratuits pour se préserver davantage.

Mieux choisir ses coups dans son arsenal à nul autre pareil et les courses sur lesquelles tout donner, voilà des pistes pour gagner en régularité dans une saison et durer dans le temps. En attendant, si Roland-Garros ne se présente pas a priori sous les meilleurs auspices, Alcaraz paiera-t-il vraiment un manque de compétition ? La protection dont il bénéficiera Porte d'Auteuil dans les premiers tours et les jours de repos entre les matches devraient être à son avantage en première partie de quinzaine. En revanche, il pourrait manquer de confiance dans les moments décisifs.

Une chose est néanmoins certaine : "Carlitos" ne devrait pas manquer de fraîcheur à Paris. Il abordera vraisemblablement la compétition le couteau entre les dents et l'endurance ne sera pas un problème comme elle pourrait l'être pour son glorieux aîné Rafael Nadal sur le format long. Si l'avant-bras droit fonctionne correctement, alors le Murcien sera l'un des principaux favoris. Peut-être d'ailleurs vaut-il mieux pour lui arriver un peu caché pour décrocher le Graal.