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Interview de Romain Grosjean à cœur ouvert : "C’est un peu la bérézina"

ParF1i

Publié 28/03/2014 à 11:21 GMT+1

De notre partenaire F1i

Interview de Romain Grosjean à cœur ouvert : "C’est un peu la bérézina"

Crédit: F1i

Romain Grosjean a de nouveau connu une journée difficile, ce vendredi à Sepang, ne parcourant que 18 tours suite à des problèmes venant tant de Lotus que de Renault.
Lors de sa rencontre aujourd'hui en fin d'après-midi avec les représentants de la presse francophone – dont ;F1i – présents dans le paddock malais, le pilote tricolore a fait le point avec sincérité sur la situation dans laquelle se trouve actuellement son écurie : les problèmes de fiabilité, le cas Renault, les perspectives futures, les licenciements massifs opérés par l’ancien CEO du Lotus F1 Team, les moyens humains et financiers limités, etc.
;Que s’est-il passé aujourd’hui ?
"Je peux vous dire que les scooters du circuit fonctionnent plutôt bien ! Plus sérieusement, c’est un peu la bérézina. Notre objectif était de faire des tours aujourd’hui. Finalement, dans la matinée, nous avons eu un problème avec Renault, ils avaient amené une évolution qui ne fonctionnait pas du tout. Nous n’avons donc pratiquement pas tourné durant la première séance d’essais libres. Ensuite, lors de la seconde session, nous avons rencontré un souci de notre côté, au niveau de la boîte de vitesses, un câble a tout simplement cramé. Si nous avions davantage tourné en essais hivernaux, ce problème aurait été corrigé avant d’arriver ici."
"Voyons le côté positif des choses : nous avons au moins amélioré les freins à commande électrique, même si le système est encore loin d’être parfait et nous avons encore beaucoup de travail de ce côté-là. Je pense que nous avons utilisé un peu mieux les pneumatiques que lors du dernier Grand Prix. Nous nous sommes rapprochés des équipes de pointe : ce n’est pas encore ça, mais nous ne sommes au moins plus à cinq ou six secondes comme c’était le cas en Australie. Nous devons être à deux secondes et demie, quelque chose comme ça. Et sachant que nous n’avons pas utilisé le huitième rapport, l’aileron arrière ajustable et le mode qualifications cet après-midi, c’est plutôt correct. Mais nous avons encore beaucoup de travail, notamment au niveau de la gestion de la récupération d’énergie, du turbo et des freins de notre côté."
;La structure de l’équipe est-elle assez forte ?
"Notre gros problème à l’heure actuelle, c’est que nous avons besoin de rouler et à chaque fois que nous voulons rouler, nous n’y arrivons pas. C’est juste un mauvais cycle. En plus, nous n’avons pas non plus la réussite de notre côté."
;Si les problèmes s’arrêtent, pouvez-vous voir l’arrivée dimanche ?
"Oui, si les problèmes veulent bien s’arrêter. Après, nous ne serons pas très performants, nous ne nous battrons pas pour un podium, nos freins ne fonctionneront pas correctement, mais ce n’est pas un simple câble qui nous fera tout perdre, comme cet après-midi en essais libres."
;Avez-vous suffisamment de bons cerveaux pour détecter l’origine de vos problèmes et trouver des solutions ?
"Nous avons des cerveaux, mais ils ne sont pas nombreux. Nous faisons avec nos moyens, qui ne sont pas ceux des équipes de pointe. Pour chaque problème, nous pouvons nous permettre de mettre une ou deux personnes, pas plus. Et malheureusement, nous rencontrons d’une part des soucis de notre côté mais il y en a aussi du côté de chez Renault. Je suis sûr que tout le monde va finir par trouver la solution à un moment donné, mais pour le moment ce n’est pas simple."
;Les effectifs de Renault ne sont également pas illimités. Ressentez-vous qu’ils mettent davantage de moyens sur leur équipe numéro un, à savoir Red Bull, au détriment de la vôtre ?
"Je pense que cela ne nous aide pas, et il y a effectivement des fois des bêtises qui sont faites à cause de l’inexpérience. Ce matin, alors que je n’avais jamais eu le moindre problème avec la souplesse de conduite, je ne comprends pas pourquoi ils ont voulu que je teste leur nouveau système, qui était logiquement sensé améliorer la 'driveability'. Au final, nous avons perdu une séance pour rien alors que nous devions effectuer 30 tours."
"Mais nous allons y arriver, tout le monde essaye de donner le meilleur qu’il a. Après, ceci dit, il y a des moments où il faut aussi se dire 'nous avions ça, cela fonctionnait, nous allons continuer avec ça pour le moment', surtout dans notre situation…"
;Aujourd’hui, Lotus ne paye que son retard, que son… (Romain interrompt).
"Allez demander ça au mec qui est assis sur les marches derrière vous (Patrick Louis, l’ancien CEO du Lotus F1 Team, qui a entrepris un programme de licenciements massifs à Enstone durant l’hiver, ndlr). Vous le remercierez pour moi !"
;Parvenez-vous à garder votre calme ?
"Forcément qu'il y a de la tension. En plus, j’ai un tempérament qui est plutôt agressif, ce qui fait ma force dans certains moments comme ma faiblesse dans d’autres. Mais j’essaye de travailler sur moi et de sortir le meilleur. C’est sûr que je ne sors pas de la voiture avec la banane..."
;Êtes-vous confiant quant au fait de ne pas vous retrouver à l’arrière de la grille de départ ce week-end ?
"Je ne veux pas être trop confiant ou trop prudent. Je souhaite juste monter dans la voiture, voir que le propulseur Renault fonctionne mieux, que la recharge de la batterie se passe bien, que nous avons effectué des progrès avec les freins à commande électrique et que nous pouvons utiliser correctement les pneus. Si nous y parvenons, nous réaliserons peut-être un grand pas en avant. Nous ne sommes pas encore à la recherche des derniers dixièmes ou centièmes à l’heure actuelle."
"Après, je tiens à dire une chose : c’est bien de voir que notre équipe est plus forte que jamais. Nous sommes tous solidaires dans la difficulté. Nous sommes tous dans le même bateau et nous essayons tous de trouver une solution pour aller dans la bonne direction. Tout le monde essaye de faire des progrès dans son domaine."
;Pensez-vous avoir malgré tout une monoplace compétitive ?
"Je ne sais pas. J’espère qu’elle l’est. Je crois que les chiffres de la soufflerie sont bons, mais pour le moment nous sommes trop loin pour pouvoir nous faire une idée. Nous avons vu des choses intéressantes durant la course à Melbourne. Si nous pouvons tout mettre bout à bout, nous ne sommes pas si loin des Red Bull, mais pour cela nous devons tout mettre bout à bout."
"Si nous pouvons y parvenir en piste et si nous commençons à nous rapprocher des Red Bull, alors cela voudra dire que nous évoluerons de nouveau à un bon niveau de compétitivité. Mais la tâche de travail est importante. Nous devons y aller étape par étape et faire preuve de patience quand les choses ne se passent pas tout de suite correctement."
;Votre directeur technique, Nick Chester, a déclaré qu’il faudrait attendre jusqu’en Espagne pour que les choses s’améliorent pour Lotus. Êtes-vous prêt à attendre jusqu’à la mi-mai ?
"Je n’ai pas d’autre choix. Commencer à s’énerver serait la pire chose à faire. Pour être tout à fait honnête, je pense que nous faisons du bon boulot compte tenu de nos moyens. Nous n’avons pas 700 employés comme McLaren et nous devons nous fixer des priorités. Personne dans l’équipe ne fait une croix sur cette saison. Tout le monde veut croire que nous pouvons nous battre pour des points et ensuite pourquoi pas des podiums."
"Nous savons que nous n’avons pas le budget des quatre équipes de pointe. Nous sommes tout simplement en train de payer un peu ce qui s’est produit dans le passé. Mais j’espère que les choses vont s’arranger."
"L’équipe vit un moment difficile. La voiture a été conçue sur le tard, et nous avons débuté notre préparation après les autres équipes. C’est la conséquence directe des choses qui se sont produites dans le passé. Cela nous a fait débuter cette année du mauvais pied. Nous avons dû faire l’impasse sur les premiers essais hivernaux à Jerez, puis nous n’avons rien pu faire à Bahreïn, et nous avons finalement découvert à Melbourne le vendredi que les freins à commande électrique ne fonctionnaient pas correctement. Il est évident que c’était le mauvais moment pour débuter une année du mauvais pied compte tenu du challenge que représente cette nouvelle technologie. Mais tout le monde reste soudé et essaye de voir le positif."
"C’est difficile et intéressant à la fois. C’est une nouvelle situation pour moi. Je suis le pilote qui est resté avec l’équipe. J’essaye de motiver tout le monde autant que je peux, et au final je pense que cette mauvaise passe me rendra plus fort."
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