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Grand Prix du Canada - Sebastian Vettel, qui a porté un casque contre les "crimes climatiques", est-il hypocrite ?

Julien Pereira

Mis à jour 23/06/2022 à 15:10 GMT+2

GRAND PRIX DU CANADA - Douzième à Montréal, Sebastian Vettel (Aston Martin) a vécu une course anonyme le week-end dernier. Le quadruple champion du monde a tout de même fait parler de lui, vendredi et samedi, après avoir porté un casque de protestation contre les "crimes climatiques" du Canada. Ce qui lui a valu d'être qualifié d'hypocrite, compte tenu de sa condition. Mais l'est-il vraiment ?

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Une forêt et un beau ciel bleu devant. Un paysage dévasté et un tuyau minier derrière. Pour séparer les deux images, un message on ne peut plus explicite : "Stop à l'exploitation des sables bitumineux. Le crime climatique du Canada." Ce week-end, à Montréal, Sebastian Vettel a de nouveau mené son combat pour l'écologie en dénonçant, grâce à un casque spécial et un t-shirt, la destruction de terres forestières dans l'Alberta, province de l'Ouest canadien, pour y exploiter l'une des plus grandes réserves pétrolières au monde. Avec des méthodes dévastatrices pour l'environnement.
"C'est un crime parce qu'on abat beaucoup d'arbres et on détruit l'endroit pour extraire du pétrole, a souligné le quadruple champion du monde. La manière de le faire avec l'exploitation des sables bitumineux est horrible pour la nature. Et, évidemment, les gaz à effet de serre ont augmenté au Canada. [...] Chaque individu a sa propre opinion. La mienne est celle-ci. [...] On vit à une époque où l'on sait que ce genre de choses ne devraient plus être autorisé. Donc je pense qu'il faut sensibiliser les gens à ce qui se passe."
Avec un peu moins de 200 000 personnes présentes sur le circuit vendredi et samedi - Vettel n'a pas porté ce casque lors de la course dimanche - et alors que les Canadiens, friands de F1, attendaient ce Grand Prix depuis trois ans, le message a eu une portée importante. Et, sans surprise, fait grincer des dents les défenseurs du projet.

Vettel a l'habitude

"Un pilote automobile, sponsorisé par Aston Martin, avec le financement de Saudi Aramco, se plaint des sables bitumineux, a répondu la Ministre de l'Energie de l'Alberta, Sonya Savage, sur Twitter. Saudi Aramco [...] est réputée pour être la plus grande responsable des émissions mondiales de carbone de toutes les entreprises depuis 1965. Plutôt que de diaboliser les sables bitumineux, qui sont sur la voie de la neutralité carbone, les gens pourraient chercher à réduire leur propre empreinte carbone. Peut-être une voiture à pédales pour la Formule 1 ?" Et paf, dans le pif.
"J'ai vu beaucoup d'hypocrisie au fil des années, mais celle-ci est vraiment la cerise sur le gâteau", a également écrit la dirigeante. À force, l'Allemand est un habitué. Il avait déjà été qualifié d'hypocrite à Miami, après avoir arboré un t-shirt sur lequel figurait le message "act now or swim later" ("agissez maintenant ou nagez plus tard", mais aussi sur le plateau de la BBC le mois dernier, après s'être exprimé sur le besoin en énergies renouvelables alors qu'il "pratique l'un des sports les plus gourmands en essence au monde", dixit la présentatrice du show - ce qui, au passage, n'est pas tout à fait vrai.
Qu'importe, puisque sa réponse fut à chaque fois la même. "Oui, je suis hypocrite, avait-il par exemple rétorqué sur le plateau de la BBC, devant un public qui s'était quelque peu moqué de lui une fois que la question lui fut posée. Vous [son interlocutrice] et vous [le public] avez raison de rire."
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Quadruple champion du monde, l'Allemand a effectivement songé à prendre sa retraite. Pour cette raison et bien d'autres. "Piloter en F1 est ma passion, avait-il ajouté. Mais quand je sors de ma monoplace, je me demande aussi si voyager à travers le monde et consommer des ressources est quelque chose que nous devons vraiment faire." Applaudissements du public.

Pas un saint... et alors ?

Pour autant, Vettel est-il réellement hypocrite ? Autrement dit, faut-il changer de vie ou, plus extrême encore, réduire son empreinte carbone à une valeur nulle - ce qui est parfaitement impossible - pour défendre des valeurs écologiques ? La réponse semble évidente. Elle ne l'est pourtant pas pour tout le monde.
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"Je ne suis pas un saint mais je suis préoccupé par le futur", a précisé le pilote d'Heppenheim. Il est aussi et surtout à sa place, puisque sa lutte en faveur de l'environnement n'aurait jamais eu autant de force s'il avait décidé de ranger son casque ou, pire, s'il n'avait jamais été pilote de Formule 1. Le combat pour l'écologie passe par deux choses : la prise de conscience et les actes.
C'est justement parce que ses t-shirts interpellent les plus hauts responsables que les actions entreprises par Vettel au sein du paddock sont légitimes. Tant pis pour ceux qui préfèrent remettre en cause sa sincérité, sans saluer son discours en faveur d'un calendrier de F1 moins énergivore, ou son temps passé dans les tribunes après les courses pour aider les bénévoles à ramasser les déchets.
"Il y a des choses que je peux faire mieux, a-t-il assuré. Dois-je prendre l'avion pour me rendre sur chaque Grand Prix ? Non, si je peux prendre une voiture. Mais il y a des choses que je contrôle et d'autres que je ne peux pas contrôler." Comme le jugement des autres : "Je suis déçu que les politiciens s'attardent sur mon cas personnel. L'important n'est pas moi. Mais la situation globale."
Sebastian Vettel (Aston Martin), au Canada
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