Après Bayern Munich - PSG (2-0) - Lionel Messi, de la folie des grandeurs à l'erreur de casting

En signant au PSG, Lionel Messi faisait face à un stimulant défi : tenter de gagner la Ligue des champions en dehors de Barcelone pour imiter Cristiano Ronaldo, capable de soulever le trophée à Manchester puis à Madrid. Deux ans après, et alors que son avenir à Paris n'a jamais semblé aussi incertain, son bilan, au regard de son passé dans la compétition, est d'une pauvreté absolue. Deux éliminations en 8e de finale et, surtout, le sentiment de n'avoir jamais pesé sur les événements. Que retiendra-t-on de ses 360 minutes face au Real puis face au Bayern ? Un penalty raté face à Thibaut Courtois qui a laissé Madrid espérer.

Pour le reste, rien, le néant. Messi a souffert face à des milieux de terrain qui l'ont dévoré physiquement. Si à l'aller cette année, il avait complètement disparu des débats, il a existé à Munich (73 ballons touchés) mais n'a pas résisté à la pression infligée par ses adversaires. Kimmich et Goretzka, le monstre à deux têtes du milieu bavarois, l'ont fait passer pour un enfant de chœur incapable de résister au moindre coup d'épaule. Mercredi, il a peut-être fait ses adieux comme un sans-grade à une compétition qui a, pourtant, fait de lui un roi.

Mais, au fond, sa perte d'influence en C1 ne date de ce 8 mars 2023. Que retiendra-t-on de Lionel Messi en Ligue des champions sous le maillot parisien ? Une frappe en lucarne lors d'un match de poule, où il fut par ailleurs moyen, en phase de poules face à Manchester City. Et c'est à peu près tout. En dézoomant, et en se penchant sur ses dernières années, son influence en C1 est en chute libre. Il y a bien quelques coups d'éclat : un 8e de finale retour contre Chelsea en 2018, deux autres face à Naples en 2020 et Lyon un an plus tôt, une demi-finale aller contre Liverpool la même année.

Mais s'il n'a plus jamais atteint une finale depuis son dernier sacre en 2015, c'est aussi parce qu'il s'est montré régulièrement incapable, comme mercredi, de sonner la charge quand son équipe piquait du nez. Globalement, depuis sa signature, Paris a pu compter sur Messi quand son onze dominait largement les débats. En revanche, à la moindre contrariété, dès qu'il s'est retrouvé face à un adversaire qui lui rentrait dans le buffet, Messi a globalement disparu dans le jeu même s'il a parfois pu survivre par des éclairs. Et dans ces cas précis où il ne peut plus sauver les fesses de son club, son manque d'activité à la perte de balle devient un problème et ajoute au sentiment d'impuissance.

La question, qui peut sembler incongrue pour un joueur de ce talent, est de savoir désormais s'il peut encore tirer son équipe d'un guêpier en C1. A Paris, en tout cas, la réponse semble évidente. Si la Coupe du monde a montré que l'un des tous meilleurs joueurs de l'histoire en avait encore sous le capot, la greffe à Paris n'a jamais pris. Après un an et demi, le constat est net : Paris s'est trompé en le recrutant puisque non seulement, Messi n'a pas fait progresser l'équipe mais sa présence a fragilisé le plan de jeu parisien. Hormis les mois qui ont précédé la Coupe du monde, le champion du monde n'a jamais été digne de ce que le PSG attendait légitimement de lui. Sa prolongation, qui n'interviendra que si les deux parties sont d'accord, doit être remise en cause surtout à 41 millions d'euros par an.

Reconstruire ou le prolonger, il faudra choisir. Devant, le trio Neymar, Mbappé et Messi déséquilibre l'équipe sur le terrain et dans les comptes. Pour remodeler cet effectif bringuebalant, il faudra se séparer au moins de l'une des trois stars. L'Argentin est le candidat le plus naturel au départ alors que le Brésilien est sous contrat jusqu'en 2027 et invendable aujourd'hui, et le Français, l'incontournable figure de proue du projet. En confondant notoriété et ambitions sportives, Paris veut toujours s'accrocher à son septuple Ballon d'Or. Si Messi veut aller chercher le record de buts de Ronaldo en C1 (il pointe à 11 buts), la défaite face au Bayern pourrait précipiter les choses et rendre plus attractives encore les offres de Miami et d'Arabie Saoudite. C'est tout le mal que l'on souhaite à Paris.