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Equipe de France - Noël Le Graët et Zinédine Zidane : Les mots de trop

Cyril Morin

Mis à jour 09/01/2023 à 08:57 GMT+1

EQUIPE DE FRANCE - Ce devait être une simple interview, avec les éléments de langage habituels et une bonne dose de langue de bois au moment d'évoquer les sujets qui fâchent. Mais, ce dimanche, sur les ondes de RMC, Noël Le Graët a eu des mots inutiles et irrespectueux envers Zinédine Zidane. De quoi plonger le foot français dans une crise évitable et mettre encore un peu plus NLG sous pression.

Noël Le Graët en 2021, lors de sa campagne pour sa réélection

Crédit: Getty Images

"Un président ne devrait pas dire ça". Cette fois-ci, pas de rendez-vous secrets à l'Elysée pendant cinq ans, pas de off distillés au compte-goutte et pas de livre évènement pour achever une présidence chancelante. Ce dimanche, Noël Le Graët n'a laissé à personne d'autre que lui le soin d'abîmer encore un peu plus une fin de mandat qui ressemble à une descente aux enfers interminable. Ce dimanche, l'homme le plus important du football français a eu l'attitude et les mots d'un vulgaire porte-flingue, indigne de sa fonction et indigne du football qu'il est censé représenter.
Au lendemain de la reconduction pour quatre ans du contrat de Didier Deschamps à la tête des Bleus, Le Graët se devait de faire le service après-vente. Invité sur RMC, il a d'abord évoqué le choix DD jusqu'en 2026, manière d'instaurer, à ses yeux, une durabilité en équipe de France qui dépasserait son mandat actuel, qui se termine en 2024. Manière aussi de récompenser un homme dont il est "proche", qu'il a senti encore motivé dans sa quête de trophées.
Il aurait pu s'arrêter là. Il aurait dû, même, s'arrêter là. Mais le boss de la FFF a mal pris une question légitime, quant à savoir si l'idée d'un renouvellement à la tête des Bleus lui avait traversé l'esprit. Le nom de Zinédine Zidane n'avait pas encore été mentionné, c'est lui qui l'a désigné comme un potentiel successeur… ou plutôt comme une solution de rechange, déjà indigne à la vue de l'apport de ZZ au football français. "Je sais très bien que Zidane était toujours sous le coude", a-t-il lâché, comme s'il s'agissait d'une folklorique alternative.
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Didier Deschamps et Noël Le Graët discutent après l'annonce de la prolongation du contrat de DD jusqu'en 2026

Crédit: Getty Images

Pourquoi ce ton et ce mépris ?

Mais la suite ne fut qu'un long naufrage, une interview difficilement lisible où Le Graët semblait vouloir régler des comptes plutôt que d'apaiser une situation déjà pénible pour un amoureux des Bleus, qui attend son heure depuis longtemps, avec un certain respect pour le travail de celui qui lui barre encore la route, Didier Deschamps.
Le Graët n'aurait-il pas un pincement au cœur si d'aventure ZZ devenait le sélectionneur d'une autre nation comme, par hasard, le Brésil ? "Je n'en ai rien à secouer". A-t-il tenté de joindre Zidane pour lui expliquer son choix ? Ou l'inverse ? "Certainement pas, je ne l'aurais même pas pris au téléphone…". Malaise et incompréhension.
N'est-ce pas Le Graët lui-même qui n'a cessé de décrire Zidane comme le potentiel successeur de Deschamps si ce dernier devait quitter la sélection tricolore ? Ne serait-ce pas une "suite logique" de voir ZZ sélectionneur des Bleus, comme il l'expliquait en 2017 ? Ne serait-il pas "la première personne" qu'il verrait si "Didier s'arrêtait", comme il l'avançait au micro de RTL avant la Coupe du monde ? Alors, pourquoi ce changement de ton soudain et ce mépris détestable ?
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Zinedine Zidane

Crédit: Getty Images

Son successeur ? "Je vais regarder ça de près"

L'offense au plus grand joueur de l'histoire des Bleus ne pouvait rester impunie. La sentence est venue du meilleur joueur français actuel, d'un porte-voix générationnel et d'un homme sans doute lassé des sorties inacceptables de son président.
En prenant la parole publiquement et rapidement, Kylian Mbappé a déclenché une tempête qui pourrait bien emporter Le Graët. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, n'a fait que surfer sur l'évidence, prenant soin d'ajouter des guillemets au mot "président", qu'elle estime sans doute mal adapté au rôle actuel de Le Graët.
La ministre aura d'ailleurs sans doute écouté l'autre partie de l'intervention de l'ancien maire de Guingamp. Il est question de sa succession, censée se dérouler dans le cadre d'une élection. La réponse de Le Graët ressemble plus à celle d'un parrain en politique que d'un président à la volonté de se placer en dehors du jeu partisan : "On a regardé quelques noms possibles pour me succéder ensemble [avec Didier Deschamps, NDLR]. Ce sont des choses qui se feront rapidement. Il y aura de toute façon une élection, ce n'est pas une désignation ni un passage de témoin. Mais on peut quand même aider quelqu'un. Je regarderai ça de près…".
En décembre déjà, c'est avec cette posture de patriache intouchable qu'il avait lâché cette réplique de film hollywoodien : "Les ministres, ça change, beaucoup plus vite que les présidents". Ce dimanche, pas sûr que cette vérité soit encore d'actualité le concernant. Car la sortie se rapproche et ce dérapage verbal ne fait que confirmer une chose : Le Graët n'a jamais été aussi acculé, notamment avec cet audit lancé par le ministère.
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Noël Le Graët avec la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Crédit: Imago

Deschamps fragilisé

De cette interview dominicale, il ne reste donc qu'un goût amer. Et le sentiment que le football français s'offre une crise médiatique fâcheuse car franchement évitable.
Leaders à leur manière de la première équipe française championne du monde en 1998, Zinédine Zidane et Didier Deschamps se retrouvent propulsés à la tête de deux camps irréconciliables par le simple fait d'un président irresponsable. Le respect ou, a minima, la langue de bois aurait dû le prémunir de telles paroles. Au passage, DD se retrouve aussi fragilisé, dès le deuxième jour de son nouveau mandat : comment peut-il cautionner ces mots-là ? Ou plutôt, comment peut-il assumer ce président-là ?
Leader à sa manière, celle d'un jeune homme bien dans son époque et aux convictions ancrées, du football français, Kylian Mbappé a finalement peut-être déjà frappé le coup le plus létal de son année 2023. Celui qui aura possiblement provoqué la fin d'un président fatigué mais surtout complètement déconnecté.
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