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Mathieu Van der Poel a écrasé le Tour des Flandres et Paris-Roubaix : Et le suspense dans tout ça ?

Christophe Gaudot

Mis à jour 08/04/2024 à 22:20 GMT+2

Dimanche, Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceuninck) a remporté Paris-Roubaix avec une marge de trois minutes pile sur son premier poursuivant et après une échappée de solitaire de près de 60 kilomètres. La dernière heure de l'Enfer du Nord, potentiellement exceptionnelle, fut cette année sans intérêt ou presque. Une habitude de ce printemps 2024 qui laisse un goût amer dans la bouche.

La chicane en vedette, avant le show Van der Poel : le résumé de Paris-Roubaix

La galaxie des Monuments a une place à part dans le cyclisme. Relativement récente - le terme même ne datant que du début du XXIe siècle à l'heure où la Coupe du monde rythmait à sa manière la saison autour des grands tours -, elle est pourtant si vénérable que l'on s’offusque quand on évoque la possibilité d'y inclure une sixième course, une hérésie évidemment. En son sein, l'équilibre n'existe pas et d'ailleurs, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix y occupent une place légèrement supérieure. Leurs éditions 2024, dénuées de tout suspense, ne parlent pourtant pas pour elles.
Que retiendra-t-on de la grosse quinzaine de jours qui vient de s'écouler, période qui va du GP E3, lancement de la semaine sainte en Belgique, à Paris-Roubaix, la Reine des classiques ? Les exploits de Mathieu Van der Poel évidemment, le Néerlandais ayant remporté trois des quatre courses auxquelles il a participé. Le double champion du monde a indéniablement marqué l'histoire, devenant co-recordman de victoires sur le Tour des Flandres et réalisant un fantastique doublé avec Paris-Roubaix.

103 kilomètres en solo pour Van der Poel sur le Ronde et Roubaix

On retiendra évidemment aussi ses exceptionnels exploits physiques. Jugez plutôt : 43 kilomètres en solitaire sur l'E3, 44 sur le "Ronde" et enfin, cerise sur le gâteau pavé, 59 ce dimanche sur l'Enfer du Nord. Doit-on citer un autre nom pour ne passer à côté de rien ? Évidemment pas si l'on s'en tient au strict plan sportif et aux seuls Monuments des deux derniers dimanche que l'on a attendus excités comme toujours et vécus dans une relative torpeur à voir un champion du monde filer vers des succès aussi historiques qu'incontestables, et d'ailleurs incontestés.
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Encore van der Poel, encore une masterclass : les temps forts du Ronde en vidéo

Et c'est sans aucun doute là que le bât blesse. On a suffisamment écrit, dans ces colonnes y compris, que les quelques fantastiques de la génération actuelle faisaient beaucoup pour une certaine nouvelle vitalité d'un cyclisme qui n'a pas encore réglé tous ses maux mais qui se porte mieux qu'en d'autres temps. On n'enlèvera donc rien à Mathieu Van der Poel qui a encore confirmé que deux, trois ou quatre fantastiques pouvaient faire d'une course, une chose extraordinaire mais qu'un seul de ceux-là n'a qu'un unique pouvoir, celui de lui retirer son incertitude.

Milan-Sanremo, reine du printemps 2024

Pourquoi a-t-on tant aimé Milan-Sanremo cette saison ? Parce qu'en l'espace de huit kilomètres et moins d'un quart d'heure, on a tour à tour cru que Tadej Pogacar, Tom Pidcock ou Matej Mohoric allaient décrocher le jackpot avant que Jasper Philipsen ne règle un sprint survitaminé, véritable shot d'adrénaline pur. Raillée pour ses 250 kilomètres (en taillant large) qui ne servent à rien, la Primavera a pour autant été le Monument le plus palpitant de la saison. La suite a pris un sérieux coup dans la gueule quand Wout van Aert, mais aussi Mads Pedersen, ont vu le bitume de trop près sur A Travers la Flandre.
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Pogacar a tout tenté, Philipsen l'a emporté dans un final fou : le résumé vidéo

Ces courses que l'on dit capables d'accoucher de tous les scénarios, qui justifient plus que toutes les autres la retransmission en intégralité et qui furent plutôt très, très animées ces dernières années, à Roubaix comme dans les Flandres, ont tenu leurs promesses, mais pas celles du spectacle. On attendait un Van der Poel asphyxié par une concurrence certaine de ne pouvoir jouer les yeux dans les yeux mais le leader d'Alpecin-Deceuninck a pris l'air très et trop rapidement.
Il n'y a évidemment aucun problème à voir le meilleur coureur du monde de classiques (Van der Poel a remporté cinq des huit dernières grandes courses d'un jour si l'on ajoute les Mondiaux aux cinq Monuments) gagner, on peut en revanche regretter qu'il n’ait pas eu à combattre jusque tard dans ces courses. Ses deux démonstrations s'ajoutent à la désormais longue liste de courses écrasées par l'élite resserrée du peloton. Contre ça, le cyclisme n'a pas de solution mais à force de courses au suspense tué dans l'œuf, il pourrait bien y perdre.
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